Caroline Saal - Vert Ardent - Liège - Elections 2018 - Communales 2018

Caroline Saal, tête de liste Vert Ardent, nous parle d’une ville de Liège plus durable

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Lorsqu’en juin dernier, j’ai passé cet entretien d’embauche qui allait me propulser dans la campagne électorale liégeoise, je voyais plutôt ce « nouvel emploi » comme un défi. 6 mois plus tard, je fais le constat : Vert Ardent a réussi l’inimaginable… me réconcilier avec la politique !

Prélude

On dit toujours qu’il vaut mieux éviter de parler politique, et j’ai toujours veillé à respecter cet adage. Moi qui étais du côté des écœurés, des révoltés, je me retrouvais soudain pour la première fois de l’autre côté du miroir… et ce que j’y ai découvert m’a époustouflée !

J’ai rencontré des gens aussi amoureux de ma ville que moi, se dépêtrer entre leur emploi de jour et le reste de leur temps libre pour militer pour un réel changement. Parmi cette belle brochette de dingos, j’ai croisé la route de Caroline, un petit bout de femme incroyable, véritable ovni du paysage politique… et j’ai eu envie de vous en parler.

Car un mouvement politique restera toujours un ensemble de propositions qui n’ont pas de garantie d’être tenues, pas parce que « ce sont tous des menteurs » mais parce que comme lorsqu’on établit un plan financier avant de lancer son entreprise, on finit toujours par se cogner à des obstacles (opposition, budget, crise…).

Dans les deux cas, ce qui fera ou non la différence, c’est la nature humaine des êtres qui se cachent derrière. Pour cette raison, cette année, j’ai décidé de voter pour des idées, mais surtout pour des gens. Des gens que j’ai appris à connaître ces derniers mois, des gens qui ressemblent à une bande d’amis, des gens qui m’ont donné envie de m’engager encore plus pour ma ville… et à qui je compte bien donner ma précieuse voix !

Des bancs de l’ULiège à l’étude de l’usage des drogues

Caroline Saal - Vert Ardent - Liège - Elections 2018 - Communales 2018

L’histoire de Caroline commence sur les bancs de l’ULiège où, après des études en histoire, elle entame une thèse qui l’amènera à travailler sur les usages de drogues et d’alcool : « J’avais envie de mettre au service d’un projet qui me tenait à cœur mes compétences de chercheuses. En politique, l’usage des drogues est un sujet encore trop associé à des stéréotypes et des clichés. Je voulais sortir cette thématique du tabou, de l’émotionnel et pouvoir l’objectiver. »

Après cette première expérience, Caroline s’engage dans une association active dans la prévention des usages de drogue. Rédactrice en cheffe d’une revue de santé pour les professionnels, elle accompagne les écoles où des problèmes de consommation et de deal sont constatés : « L’idée est de former l’équipe éducative à ce type de problème et de voir avec eux ce qui peut être mis en place, au sein même de l’école, pour prévenir les usages problématiques. »

Un engagement fort en tant que conseillère et bénévole

Caroline est militante écologiste depuis plusieurs années déjà. Aux côtés des autres jeunes écologistes, elle défend des projets d’écologie politique : « Ce qui me motive le plus, ce sont les combats sociaux. La défense des droits de chacun·e·s, l’égalité homme-femme… »

Pour Caroline, les questions d’environnements, de réchauffement climatique et d’accès à une nourriture de qualité, sont des questions de droits sociaux, car cela regroupe également les questions d’inégalités de revenus, d’accès à l’information et à l’éducation : « L’écologie politique, pour moi, c’est un combat social qui se mêle à un combat environnemental ».

À force de s’impliquer, elle se présente en 2012 sur les listes liégeoises. Alors positionnée en 10e place, elle remonte la liste grâce à son score électoral. Elle devient alors conseillère à l’action sociale, au sein du CPAS de Liège. En 2014, suite à la démission d’une conseillère dont elle est la suppléante, Caroline quitte son poste à l’action sociale (pour ne pas cumuler de mandats) et monte au conseil communal. Bénévole dans le monde associatif, elle décide alors de porter ce secteur qu’elle considère comme un allié de poids des pouvoirs communaux.

« Les écoles de devoirs, les maisons de jeunes, etc. remplissent un rôle fondamental dans la Ville. Il était important pour moi de ramener au cœur des débats la question sociale et la prise en compte du secteur associatif par la commune. »

Pourquoi Vert Ardent et pas Ecolo ?

En 2012 à Liège, 20% de la population ne s’est pas déplacée pour aller voter, et 5% s’est abstenue ou a voté nul : « Pour nous, c’était un fameux signal de désintérêt de la politique. Si 20% de la population se dit que ça ne la concerne plus, alors il y a un échec ! »

«Les gens sont dégoûtés de la politique à un moment où la société en a le plus besoin. La problématique du réchauffement climatique, les questions migratoires, l’augmentation de la précarité… demandent des hommes et des femmes politiques responsables et ayant une vision à long terme. Pour nous, parvenir à reconnecter ces personnes dégoûtées à l’action politique est crucial. »

Caroline Saal - Vert Ardent - Liège - Elections 2018 - Communales 2018

Au même moment, dans les villes de Grenoble et de Barcelone, des mouvements citoyens émergent : « Nous observions ce qu’il se passait dans ces villes, où le fonctionnement politique était beaucoup plus ouvert, et nous nous sommes dit que Liège était l’endroit idéal pour développer un mouvement de cette ampleur. »

Qu’est-ce qui rend Liège si différente des autres villes belges ? « Liège a un vivier associatif et culturel particulièrement fort. En tant que conseillère communale, j’ai pu rencontrer des gens qui se battaient contre une liaison de bretelle d’autoroute, contre un projet de construction immobilière dans un parc… nous devions pouvoir leur donner une voix politique, mais sans leur imposer de s’encarter. »

Une première rencontre à la Brasserie C en juin 2017 leur a permis de se fédérer, puis de travailler sur un programme pensé par l’ensemble des personnes impliquées dans le projet : « L’idée, c’était de travailler collectivement afin de construire un projet pensé par chacun·e. Notre intention était claire : faire de Liège une ville plus durable, plus solidaire, plus citoyenne, avec chaque membre du mouvement à égalité. »

Comment devient-on tête de liste chez Vert Ardent ?

« Nous avons décidé de faire une élection sans candidats en travaillant en intelligence collective. Aucune candidature n’a été déposée et ce fut à l’assemblée qu’est revenue la tâche d’en décider. »

En respectant une parité de 7 hommes et 7 femmes, une diversité en âge et en quartier, une première liste de 14 candidats stratégiques fut alors dressée : « Nous sommes dans un mouvement éco-citoyen. Il était donc très important pour nous que notre liste ne soit pas uniquement composée de personnes ayant déjà un mandat. »

Lors d’une seconde assemblée générale, et au terme d’âpres discussions, Caroline Saal est élue tête de liste : « Il était important pour Vert Ardent d’avoir une femme en tête de liste car aujourd’hui, en Wallonie, seuls 12% des bourgmestres sont des femmes. Je ne remets absolument pas en cause les compétences des hommes, mais pour une démocratie saine, avoir une meilleure représentativité des femmes est importante. »

Caroline Saal - Vert Ardent - Liège - Elections 2018 - Communales 2018
Sarah et Caroline à la soirée Sexes, Power and Rock’n’Roll du Reflektor

Mais être une femme n’est pas la seule raison pour laquelle Caroline fut considérée comme la plus à même de relever ce défi : « Je pense que ma connaissance des problématiques sociales, mon attachement à défendre le secteur associatif et ma vision de l’écologie comme indissociable du social a fait en sorte qu’à la fin de la soirée, j’étais élue tête de liste. »

Et la suite ? « Je suis rentrée chez moi à 1h du matin, mon mec m’a servi un Gin Tonic pour me remettre d’aplomb, les gens ont commencé à m’envoyer des messages pour me féliciter, et là, je me suis dit : “ok, ma vie vient de changer pour les 6 prochains mois, et qui sait, peut-être aussi pour de nombreuses années !” »

Que propose Vert Ardent pour le développement durable à Liège ?

62% des Liégeoi·se·s n’ont pas de voiture et se déplacent donc autrement. Dans une ville que l’on sait désormais être la plus polluée de Belgique francophone, que propose Vert Ardent pour lutter contre cela ?

« Nous voulons développer les modes de mobilité doux – et notamment, le vélo – en aménageant un réseau de pistes cyclables sécurisé et continu. Nous voulons également mettre à la disposition des usagers plus de parkings vélos sécurisés (car l’un des freins, c’est aussi de se demander si son vélo sera encore là quand on ira le rechercher). »

Et pour ceux qui ne possèdent pas de vélo (ou se déplacent autrement) ? « Nous souhaitons faire de Liège une ville plus piétonne, en aménageant un plus grand piétonnier dans le centre, en construisant des trottoirs d’une largeur suffisante, en permettant aux gens de traverser plus facilement, mais aussi en verbalisant davantage le stationnement sauvage. Pour les personnes âgées, à mobilité réduite et les parents avec une poussette, cela peut-être une véritable galère. »

Et que ferez-vous pour l’alimentation et l’économie locale ? « Nous voulons proposer un repas bio et local, ainsi qu’une soupe bio et locale gratuite dans toutes les cantines des écoles de la ville. Pour nous, c’est une mesure de santé pour les enfants (on sait combien les perturbateurs endocriniens sont nocifs pour leur développement), un soutien aux parents dans les frais scolaires, c’est aussi dire clairement à ceux qui sont en train de développer l’agriculture bio et locale que nous sommes à leur côté, en tant qu’acheteur potentiel. »

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Caroline lors de la conférence de François Gemenne au Cadran

Mais est-ce vraiment réalisable ? « Nous savons que nous ne pourrons pas, d’un claquement de doigts, passer du jour au lendemain au tout bio. Il faut que les marges de production puissent suivre, il faut construire avec les acteurs de terrain pour pouvoir leur offrir un revenu décent et stable, etc. Cela reste cependant un premier engagement fort et un enjeu important pour l’agriculture locale ! »

Une autre proposition dont tu voudrais nous parler ? « La ville de Liège est propriétaire de nombreux terrains et bâtiments, mais aussi d’une flotte de véhicules utilitaires qui ne sont pas toujours utilisés. Nous aimerions les mettre à la disposition des acteurs locaux. La Ville n’a pas beaucoup de pouvoir pour créer des emplois, mais elle peut offrir une aide logistique et matérielle. À Schaerbeek, c’est ce qu’ils ont fait, et leur initiative est inspirante ! »

Et toi, quelles sont tes propositions préférées ?

« Le logement est une thématique qui me tient vraiment à cœur. À Liège, de nombreux immeubles sont inoccupés. Nous voudrions réaliser un cadastre et contacter les propriétaires pour leur demander de les remettre à disposition. En passant par l’Agence Immobilière Sociale, nous pourrions aider des personnes précarisées à trouver un logement, les propriétaires à rénover, enfin, cela permettrait de résorber les files d’attente pour des logements sociaux d’urgence. »

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Mais pas que ! « Remettre les immeubles inoccupés en état, c’est aussi les remettre à niveau en terme d’isolation. À Liège, beaucoup de personnes sont confrontées à la précarité énergétique (et avec les problèmes que connaissent nos centrales, cela ne va pas s’arranger). Comment trouver une solution viable à la précarité énergétique durable ? Je veux travailler à trouver une réponse à cette question dans les prochaines années ! »

Et l’urgence climatique et environnementale dans tout ça ?

Chez Vert Ardent, vous l’aurez compris, les questions sociales et environnementales sont intimement imbriquées dans chaque pan de leur programme. Mais quid de l’urgence environnementale actuelle face à laquelle il est plus que grand temps d’agir ?

« L’écologie et l’environnement ont toujours fait partie de notre ADN. La lutte environnementale est donc très systémique dans notre programme : amélioration de la mobilité douce pour diminuer la congestion automobile et améliorer la qualité de l’air, urbanisation des logements afin de réduire l’empreinte carbone des ménages… »

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Avez-vous d’autres initiatives « vertes » dans votre programme ?

« La préservation des espaces verts (comme ceux de la Chartreuse et du Ry Ponet) est très importante pour nous car nous voulons offrir aux liégeoi·se·s une meilleure qualité de vie. Nous voulons aussi augmenter la végétalisation de la ville afin de diminuer la température et lutter contre les épisodes de plus en plus fréquents de canicule. »

Le programme de Vert Ardent est large (80 pages en tout), mais Caroline me cite 3 propositions supplémentaires dont on a peu parlé, mais qui lui tiennent beaucoup à cœur :

« Nous voulons planter un arbre par naissance à Liège, ce qui correspond à 15 000 arbres par an. »

« Une autre proposition, c’est d’offrir 20×2 poules aux ménages (de tous les quartiers de Liège) ayant au moins 10 m² dans leur jardin (car, dans un souci du bien-être animal, ces poules ont besoin d’un espace suffisant). En plus d’avoir des œufs, en nourrissant ces poules de dépôts organiques, la production de déchet sera réduite et nous sensibiliserons ainsi la population au zéro déchet. »

« Nous voulons enfin végétaliser les ponts, les toits (et d’autres recoins) de la ville pour permettre aux abeilles de butiner, lutter contre les îlots de chaleur en période de canicule, et contre les inondations en cas de fortes pluies (car actuellement, l’eau ne sait plus par où rentrer) et rendre ainsi la ville plus jolie et agréable à vivre. »

Le mot de la fin ?

Le 14 octobre, votez Vert Ardent, votez liste 14 !

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À propos de l’auteur

Sophie Bernard – Slow in Liège

Sophie Bernard

Rédactrice pour le blog épicurien Yummy Planet, l’œil derrière l’objectif de Sophie Bernard Photography, Sophie aime partager ses bons plans, bien manger et voyager.

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