Fragrances : la caverne d’Ali Baba du thé et du café en vrac
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Dans la vitrine de Fragrances, des tasses, des boites, des théières et des cuillères à thé sont suspendues dans une bienheureuse cacophonie.
Je pousse la porte et la cloche qui y est accrochée se met à carillonner. À l’intérieur, le café fraichement moulu embaume l’air et le chauffe-eau de la machine à expresso bourdonne. Entre les pralines au chocolat, les pots de confitures, les tasses et mugs à motif de chat et les nombreuses boites et sachets colorés ; des luminaires suspendus çà et là baignent la petite boutique dans une atmosphère féérique.
C’est que Fragrances, qui a pignon sur rue depuis 1932 En Neuvice, est une véritable caverne d’Ali Baba. Et ce n’est pas Jehanne, la propriétaire, qui vous dira le contraire !
Une véritable invitation au voyage !
Sur les boites en acier rouge se succèdent des étiquettes – tantôt neuves, tantôt fanées – sur lesquelles ont été griffonnés à la main les noms des mélanges uniques qu’elles contiennent. Derrière un « Jardin Céleste », un « Secret tibétain » ou un « Moulin rouge » je découvre émerveillée des arômes et des saveurs qui m’enivrent :
« Ce n’est pas pour rien que j’ai baptisé ma boutique Fragrances » m’explique Jehanne. « L’approche de mon magasin, c’est qu’on peut les sentir ! ». Soulevant le couvercle de l’une de ses nombreuses boites à thé, elle me fait respirer un parfum fruité. « Curcuma – Ananas », me précise-t-elle. « D’habitude, ça ne marche pas, mais cette fois, on a l’impression qu’il y a de véritables morceaux dedans ! ».
Sur l’étagère d’à côté, des thés verts sommeillent dans des bocaux en verre : « Les feuilles de thé ont des couleurs et des textures différentes, c’est pourquoi j’aime aussi les avoirs dans des bocaux transparents. J’y ai placé des tisanes, des rooibos (aux tons rouges) et des thés verts japonais parce que leurs feuilles se distinguent tout particulièrement ».
À leurs côtés, les thés japonais attirent effectivement mon attention : « Si vous n’êtes pas un amateur de thé, ne commencez pas par le Matcha, le Sencha ou le Genmaicha. Ils ont une saveur herbacée ». Elle me tend alors un thé japonais au riz soufflé, duquel émane une légère odeur … de riz ! « Celui-ci est plus doux, c’est parfait pour commencer. La plupart des thés que l’on retrouve en Europe sont parfumés à la fraise, à la cerise ou à la framboise. C’est pour répondre à nos goûts occidentaux ».
Je lui donne bien raison ! Mes thés préférés (le « Maastricht », le « Montagne bleue » et le « Symphonie Pastorale ») sont des thés agrémentés de fruits rouges qui savent comment parler à mes papilles. Un délice !
Des thés millésimés issus des 4 coins du monde
« Comme le bon vin, le thé a ses années de vendange. D’une année à l’autre, la qualité va varier selon les conditions climatiques, les régions ou encore le savoir-faire. On peut vraiment comparer une plantation de thé à une culture de vigne ».
Jehanne me parle alors du Darjeeling, cette ville de l’État indien du Bengale-Occidental, au pied de l’Himalaya, où est cultivé le thé du même nom. Elle évoque ensuite les contrées qui l’entourent : l’Assam, le Dooars, le Sikkim, le Tibet et le Népal : « des régions qui produisent des thés qui, bien que proches géographiquement, donneront des résultats différents. Exactement comme le vin ! ».
Confortablement installée au coin d’une petite table nappée, je me décide à déguster l’un des derniers thés rentrés : le Yuzu. Ce thé japonais, mélange de feuilles de thé vert et d’écorce de Yuzu du Japon (agrume de l’est de l’Asie) a une saveur acidulée et une légère note poivrée. Alors que je voyage au pays du soleil levant, Jehanne fait, quant à elle, un retour dans le passé :
« Au départ, le magasin ne proposait que du café. À l’époque, il n’y avait qu’un thé des Indes, un thé de Ceylan et un thé de Chine. J’ai commencé à travailler ici en me disant que je ne resterai qu’un moment. 25 ans plus tard, j’y suis toujours ! ».
Du café à déguster, en grain ou moulu ?
Alors que nous discutons, un jeune homme entre dans le magasin. Dans sa main, une boite en aluminium avec un couvercle qu’il tend à Jehanne pour qu’elle le remplisse de café. Entre le Moka, le Guatemala, le Java, le Colombie ou encore le mélange maison, le choix s’avère corsé !
Personnellement, je ne bois plus que du « Carolines Grillées » depuis que j’ai découvert la saveur douce et sans amertume de cet arabica. La machine à moudre les grains se remet à vrombir, et une fois le jeune homme parti, nous nous mettons à discuter « zéro déchet ».
« Les gens reviennent parfois avec leur sachet vide car ils ne retiennent pas le nom du thé ou du café qu’ils ont acheté. Mes boites vides ont également beaucoup de succès et elles ne coûtent que 5€. Je leur rempli avec plaisir. C’est plus pratique et plus écologique ! ».
Sur le comptoir, des confitures, du chocolat et du miel font la part belle aux innombrables sachets de thé et de café : « Mon miel, je le ramène des Cévennes. J’ai de la gelée de rose et des pots de confiture à l’orange. Pour mon chocolat chaud, j’utilise des copeaux de chocolat de chez Carré Noir et elle utilise mon thé dans ses pralines. Du coup, pour ne pas lui faire de la concurrence, je n’ai gardé que le chocolat au stevia et les pralines. Elles accompagnent les thés et cafés que j’offre en dégustation à toute personne qui achète dans mon magasin ».
Une ambiance et un charme à l’ancienne
Jehanne me fait encore sentir le mystérieux contenu de quelques boites : « Pomme-verte », « Fraise-Kiwi », « Jardin des Poètes », « Orange-Cannelle » … je ne sais à nouveau plus où donner de la tête !
« J’aime avoir des choses qui sortent de l’ordinaire. Pouvoir proposer toutes sortes de thé et de café, c’est un peu comme un défi. Et Fragrances, c’est ma caverne d’Ali Baba ! »
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