Confections sur mesure dans l’atelier de couture de Marie Lovenberg

Au premier étage de la Halte, rue de la casquette à Liège, se dissimule l’atelier de couture de Marie. Un endroit magique où les couleurs, les matières et surtout, l’amour du bel ouvrage se côtoient au quotidien.

Une histoire d’amour depuis toujours

Dès son plus jeune âge, les parents de Marie lui apprennent à ne pas gaspiller et à prendre soin de ses affaires. Petite, Marie répare ce qui est abimé, joue avec les jouets de sa maman et s’amuse à s’habiller avec les vêtements de sa grand-mère : « C’est probablement de là que me vient cet attrait pour l’ancien, la longévité et la durabilité des choses ».

© Sophie Bernard Photography

Amoureuse des vêtements, mais surtout des fils et des tissus, Marie adore les textiles au point d’y percevoir de véritables œuvres d’art. C’est ainsi qu’après des études à l’Académie des Beaux-Arts (où elle étudie la scénographie et les costumes), elle se met à travailler pour le Théâtre de Liège :

« J’ai appris à coudre avec ma tante, de manière artisanale. Au Théâtre de Liège, j’ai découvert le bel ouvrage, les belles finitions, notamment à travers la couture historique ». Autant que possible, Marie essaie de coudre « comme avant » : « Si je fais des boutonnières, je les brode à la main. Il y a un véritable bagage de savoir-faire à acquérir et à transmettre ».

Un chemin qui n’appartient qu’à elle

Petit à petit, comme une évidence, le parcours de Marie finit par la mener à ce qu’elle fait aujourd’hui : la confection de vêtements sur mesure ! Pourtant, malgré l’amour du tissu et du bel ouvrage, pratiquer le métier qu’elle aime n’est pas facile tous les jours, car beaucoup de gens refusent de payer le prix du sur mesure :

« Certains clients me disent : ‘à ce prix là, je peux m’acheter une robe chez H&M’… Mais qu’est-ce qui fait que dans certaines grandes enseignes, les prix sont aussi bas ? On ne paie actuellement pas plus de 30 euros pour un pantalon, et ce n’est pas normal ! Au final, le prix ne justifie pas la qualité. Cependant, si l’on veut obtenir un vêtement qui tiendra sur la durée, il est normal que cela ait un cout ».

La Slow Fashion : un domaine particulièrement complexe

Le domaine de la Slow Fashion, contrairement à ceux de la Slow Food ou de la Slow Cosmétique, a du mal à se faire entendre. Pourtant, l’impact qu’a la production, la vente et la consommation de vêtement est particulièrement polluante, tant pour notre corps que pour notre environnement :

« Le domaine de la cosmétique et de l’alimentation touche directement à notre corps. Si on ne mange pas bio ou si on ne s’applique pas de cosmétiques bio, cela peut provoquer des maladies. Pour le vêtement, c’est pareil ! Si on ne porte que des saloperies avec des produits chimiques dessus, cela impactera également notre corps … mais cela, peu de gens en ont conscience ! »

En prêtant plus d’attention à la manière dont on consomme les vêtements, en se tournant vers des marques et des enseignes plus éthiques, on réduit considérablement son impact sur la planète … et sur ses congénères :

« L’industrie de la mode est le 3e polluant mondial ! Qui dit pollution dit aussi dégradation de la faune, de la flore et des conditions de travail de nombreux être humains. Au final, consommer ‘slow’ et durable dans la mode, c’est ne pas polluer, mais c’est aussi ne blesser personne en s’habillant ».

La location de vêtements sur mesure : une première pierre à l’édifice

Encore tout récemment, Marie proposait de nombreuses tenues vintages à la location :

« La location, c’était une première pierre à l’édifice, car cela n’existait pas encore à Liège. Comme je suis plutôt dans l’intemporel, je me suis rapidement spécialisée dans les tenues vintages ».

Parce que travailler avec des tenues vintages, c’est aussi faire appel à un savoir-faire qui est complètement différent :

« Jusque dans les années 70, les vêtements étaient confectionnés à la main par des couturières. Après cette période, on a commencé à entrer dans l’industrie du vêtement, mais avec une qualité qui restait malgré tout supérieure à ce que nous avons aujourd’hui (la preuve, ces tenues sont toujours là !). Je doute que dans 10 ans, du H&M ou du Zara ait survécu. Au niveau du tissu, cela n’a plus rien à voir ! »

Des dons, des dépôts et du chinage !

Le stock de Marie lui vient alors de dons, de dépôts, mais aussi d’une base personnelle (obtenue en achetant à des particuliers ou en chinant) : « Si je trouve une belle pièce, je suis contente. C’est mon petit côté collectionneuse ! »

Lorsque je lui demande quelle est sa pièce préférée, Marie s’empare délicatement d’une boite en carton dans laquelle se dissimule une robe de mariée en soie datant des années 30 : « Cette robe, c’est un véritable coup de cœur, un truc de collectionneuse ! Je l’ai trouvée dans une boutique avec sa cape en satin de soie. Malheureusement, la robe n’est plus portable, car le tissu est tellement fragile que par endroit, il se délie comme du papier ».

L’histoire derrière cette robe, elle ne la connait pas. Cela ne l’empêche pas de se l’inventer : « Cette robe, je l’ai vue dans l’étalage, et je me suis dit : ‘ça, c’est Jeanne Harlow en 1930’ ! Je m’imaginais déjà la starlette qui pouvait la porter ».

SLOW 31 : un espace de promotion pour une meilleure consommation vestimentaire

Une chose en entrainant une autre, Marie décide de développer une ASBL centrée sur la consommation vestimentaire :

« Dans un coin de ma tête, j’ai toujours su que la location n’était qu’une facette de ce que je voulais faire à grande échelle, que le début de quelque chose d’autre. Avec Sandrine Counson, une fille dont je partage la même vision et les mêmes valeurs, nous avons ouvert un groupe Facebook baptisé Slow Fashion Belgium, puis développé SLOW 31, une ASBL dédiée à la consommation vestimentaire ».

Derrière cette ASBL, une envie d’aider les gens à changer leurs modes de consommation : « L’idée, c’est de partager des valeurs et d’aider les gens à consommer différemment s’ils en ont envie, car actuellement, ce n’est pas facile, pas claire et cela prend beaucoup de temps … ce qui est probablement la raison pour laquelle beaucoup de gens ne passent pas le cap ».

Avec ce projet, Marie souhaite mettre à la disposition de tous un lieu de référence afin d’aider les gens à consommer autrement, et ce, en leur donnant les clés pour y parvenir seuls :

« SLOW 31, c’est un cadre pour des animations dans les écoles sur la consommation vestimentaire idéale. Ce sont des vide-dressings, des swappings, du troc de vêtement… C’est de la mutualisation de patrons de couture, de documentation sur l’histoire de la mode et du vêtement, un référencement des marques éthiques, des ateliers pour apprendre à réparer, transformer, lire un patron, etc. ».

Si l’ASBL se développe à un rythme doux, c’est pour respecter l’équilibre vie privée – vie professionnelle de ces deux mamans : « Certain.e.s d’entre vous ont souhaité prendre part à l’aventure en proposant leur aide pour différentes tâches. Si d’autres veulent se joindre, vous êtes les bienvenues ! »

Être en accord avec qui l’on est, la clé du bonheur (et du succès) ?

« Je fais beaucoup de choses, mais j’aime ça ! Je suis profondément convaincue que, lorsque l’on est passionné et qu’on aime ce que l’on fait, on développe de plus en plus de choses. C’est super de pouvoir être qui l’on est, de pouvoir l’assumer et l’exprimer… En tout cas, c’est ce que je fais ! »

© Marie Lovenberg
Sophie Bernard: Rédactrice pour le blog épicurien Yummy Planet, l’œil derrière l’objectif de Sophie Bernard Photography, Sophie aime partager ses bons plans, bien manger et voyager.
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